Avez-vous déjà terminé une réunion en vous demandant si le temps investi valait vraiment la peine ? Ou observé des participants qui quittent votre atelier avec un air mitigé sur le visage, sans savoir réellement ce qu’ils en ont pensé ? C’est exactement le genre de questions qui m’ont poussé à adopter l’outil ROTI dans mes facilitations.
Le ROTI (Return On Time Invested) est l’un de ces outils simples mais puissants qui ont complètement transformé ma façon d’animer des ateliers collaboratifs. Je l’utilise systématiquement depuis quelques années, et franchement, je ne peux plus m’en passer.
Qu’est-ce que le ROTI exactement ?
Le ROTI est une méthode d’évaluation rapide qui permet aux participants de noter le « retour sur investissement temporel » d’une session. En d’autres termes, les participants évaluent si le temps qu’ils ont consacré à un atelier, une réunion ou une formation en valait la peine.
Le principe est simple : à la fin de la session, chaque participant attribue une note de 1 à 5 :
- 1 = Temps totalement perdu
- 2 = Plus de temps perdu que de valeur reçue
- 3 = Équilibre entre le temps investi et la valeur reçue
- 4 = Plus de valeur reçue que de temps investi
- 5 = Temps extrêmement bien investi, valeur exceptionnelle
Pourquoi j’adore le ROTI (et pourquoi vous devriez l’adopter)
Le ROTI présente plusieurs avantages qui en font un outil incontournable de mon kit de facilitation :
1. C’est rapide et simple
En moins de 2 minutes, vous obtenez un feedback précieux. Pas besoin de longs questionnaires que personne ne remplira. Dans notre monde où tout va vite, cette simplicité est précieuse. J’ai souvent constaté que plus un outil d’évaluation est complexe, moins les gens y répondent honnêtement.
2. C’est visuel et immédiat
En demandant aux participants de voter à main levée ou de placer un post-it sur un tableau, vous obtenez une visualisation immédiate de la satisfaction du groupe. Cet aspect visuel est particulièrement puissant pour créer une prise de conscience collective de l’expérience vécue.
3. C’est non-jugeant
Le ROTI évalue l’expérience subjective de chacun par rapport au temps investi, pas la qualité du facilitateur ou le contenu en lui-même. Cela permet d’avoir des retours plus honnêtes. Je trouve que les participants sont beaucoup plus à l’aise pour donner leur véritable ressenti avec cette approche qu’avec des évaluations directes.
4. C’est actionnable
Une note moyenne faible est un signal clair que quelque chose doit changer. Une note élevée confirme que votre approche fonctionne. Dans les deux cas, vous savez où vous en êtes et pouvez ajuster vos prochaines sessions en conséquence.
Comment mettre en place le ROTI dans vos sessions
Voici comment j’utilise le ROTI à la fin de mes ateliers :
Méthode classique (en présentiel)
- J’explique le concept de ROTI et l’échelle de notation en 30 secondes
- Je dessine une échelle de 1 à 5 sur un tableau ou un grand post-it
- Je distribue des petits post-it à chaque participant
- Je demande à chacun d’inscrire son évaluation et de venir la placer sur l’échelle
- Je prends une photo du résultat pour mes archives et mon amélioration continue
Variante numérique (pour les sessions à distance)
- J’utilise un outil de sondage comme Mentimeter ou les réactions Zoom
- J’explique l’échelle et demande aux participants de voter
- Nous visualisons ensemble les résultats
- J’enregistre les données pour analyse ultérieure
Mon petit twist personnel
Ce que j’aime faire, c’est demander aux personnes qui ont mis les notes les plus basses et les plus hautes d’expliquer brièvement leur choix (seulement si elles sont à l’aise pour le faire). Cela me donne des insights qualitatifs extrêmement précieux pour comprendre ce qui a fonctionné ou non.
Les pièges à éviter avec le ROTI
Comme tout outil, le ROTI a ses limites. Voici quelques pièges que j’ai appris à éviter :
Ne pas le prendre personnellement
Une note basse ne signifie pas que vous êtes un mauvais facilitateur. Elle peut simplement refléter un décalage entre les attentes des participants et le contenu proposé. J’ai parfois eu des 2/5 dans des sessions que je pensais excellentes, et ça m’a permis de découvrir des angles morts que je n’aurais jamais identifiés autrement.
Ne pas se contenter du ROTI seul
Le ROTI est un indicateur, pas une analyse complète. Pour une évaluation approfondie, combinez-le avec d’autres méthodes de feedback. Je le complète souvent avec une question ouverte comme « Qu’est-ce qui aurait pu améliorer votre note d’un point ? »
Éviter l’effet de groupe
Parfois, les participants s’influencent mutuellement. Pour éviter cela, demandez-leur d’abord de noter individuellement avant de partager. Dans les grands groupes, j’utilise parfois une méthode où tout le monde pose son post-it en même temps pour éviter ce biais.
Un exemple concret d’utilisation du ROTI
Lors d’un récent séminaire CODIR que j’animais pour une entreprise en pleine transformation, j’ai utilisé le ROTI à la fin de chaque demi-journée. Cela nous a permis de constater que la première après-midi avait reçu une note moyenne de 3,2/5, ce qui était inférieur à nos attentes.
En discutant avec les participants qui avaient mis les notes les plus basses, nous avons découvert qu’ils trouvaient le rythme trop lent et certains exercices redondants. Nous avons ajusté le programme pour le lendemain, accéléré le rythme et approfondi certains sujets. Résultat : une note moyenne de 4,6/5 pour la deuxième journée !
Sans le ROTI, nous aurions probablement continué avec le programme initial sans nous rendre compte du problème.
Un agenda type pour intégrer le ROTI
Voici comment j’intègre généralement le ROTI dans l’agenda d’un atelier d’une journée :
9h00 – 9h30 : Introduction et brise-glace
9h30 – 11h00 : Premier bloc de travail
11h00 – 11h15 : Pause
11h15 – 12h30 : Deuxième bloc de travail
12h30 – 13h30 : Déjeuner
13h30 – 15h00 : Troisième bloc de travail
15h00 – 15h15 : Pause
15h15 – 16h45 : Quatrième bloc de travail
16h45 – 17h00 : Évaluation ROTI et conclusion
Je réserve toujours les 5 dernières minutes pour le ROTI, suivi d’une très brève discussion sur les résultats. Cela permet de clore la session sur une note réflexive qui engage déjà les participants à penser à la prochaine étape.
Les 5 conseils d’un facilitateur expérimenté pour utiliser le ROTI efficacement
- Présentez le ROTI dès le début de votre session. Cela prépare les participants à évaluer consciemment la valeur qu’ils retirent tout au long de l’atelier.
- Utilisez un support visuel attractif. Dans mes ateliers, j’ai créé une échelle ROTI colorée que je réutilise à chaque fois. Les codes couleurs (du rouge au vert) aident à visualiser rapidement les résultats.
- Soyez cohérent. Si vous facilitez une série d’ateliers, utilisez le ROTI systématiquement pour pouvoir comparer l’évolution au fil du temps.
- Partagez les résultats avec transparence. J’envoie toujours un récapitulatif incluant les résultats du ROTI à tous les participants après la session, avec les ajustements que je prévois pour la suite.
- Célébrez les bonnes notes mais concentrez-vous sur les basses. Une note de 5/5 est gratifiante, mais c’est dans les 2/5 et 3/5 que se cachent les plus grandes opportunités d’amélioration.
Conclusion : le ROTI, un petit outil aux grands effets
Dans mon parcours de facilitateur, j’ai testé de nombreuses méthodes d’évaluation, mais le ROTI reste mon favori pour sa simplicité et son efficacité. Ce n’est pas l’outil le plus sophistiqué, mais c’est certainement l’un des plus utiles pour obtenir rapidement un feedback actionnable.
J’ai constaté que l’intégration régulière du ROTI dans mes ateliers a non seulement amélioré la qualité de mes interventions, mais a aussi créé une culture de feedback continu qui bénéficie à tous.
Alors, si vous n’avez pas encore essayé le ROTI, je vous encourage vivement à l’ajouter à votre boîte à outils de facilitation. Et qui sait, peut-être deviendra-t-il, comme pour moi, un indispensable de vos sessions collaboratives.
Et vous, quel serait le ROTI de cet article ? Si vous l’essayez lors de votre prochain atelier, n’hésitez pas à me faire part de votre expérience !